RIEN.
Rien, rien.
Tout tourne autour de rien.
Rien à imaginer, rien à dire, envie de rien, rien ne va plus, non rien de rien.
Et pourtant, elle tourne, elle roule, elle s'enroule et se déroule cette vie qui, pour un rien, nous conduit inévitablement vers le grand rien.
La mascarade serait de se laisser tenter et glisser vers une croyance intime qui consisterait à penser que le rien, ce n'est pas rien.... que tout vient quand on croit être à l'apogée du rien.
Inutile, inutile et dérisoire.
Tout aussi inutile et dérisoire que la croyance que nous avons le pouvoir de nous réfugier dans nos mémoires, mémoires dont les images se résument aujourd'hui à... rien.
On croit alors pouvoir se faire frissonner, pour rien, en teintant ses actes de la perversité de l'enfer du grand rien, celui qui viendra après, lorsque la bataille de la recherche du tout s'essouffle et, que dans l'aveu de l'inavouable, nous comprenons que nous ne sommes rien.
Parfois, des tous petits riens, insignifiants pour celle ou celui qui ne sait pas voir à travers notre propre regard, autant dire l'autre d'ailleurs... ces petits riens nous rendent l'existence abordable, et ça... ça, c'est pas rien.
Alors souvent, quand remonte à la surface de notre conscience tout ce rien, cette absence douloureuse de ce qui n'est pas rien, on se demande pourquoi on se démène, on s'active, on se fait violence tous les matins, comme ça, pour rien.
Alors, fébrile, de guerre lasse, on convoque le destin.
On offre sa vie à quelqu'un d'autre, et puis l'amour, et puis le pain, le rendant par là-même garant de notre existence, de nos lendemains car il sera peut-être le seul lien qui nous évitera de nous fondre et nous perdre dans le rien.
Et, à ce quelqu'un d'autre, rien à lui offrir à part ce spectaculaire abracadabra qui conduit à penser que tout est bien, et, en magnifique précieux et brûlant poison du lendemain :
Rien, rien.
Tout tourne autour du rien.
Rien à imaginer, rien à dire, envie de rien, rien ne va plus, non rien de rien.
Et pourtant, elle tourne, elle roule, elle s'enroule et se déroule cette vie qui, pour un rien, nous conduit inévitablement vers le grand rien.
Surtout, ne brûlez rien.
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