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Photo du rédacteurCécile écrit parfois

Sombre locomotive



Autrefois, nous n’étions que hâte, courant après le temps.

Nous avons fait un rêve, nous étions dans la sombre locomotive d’un train, aux wagons innombrables derrière nous, à l’infini.

La locomotive était puissante et nous ne savions pas si le train s’arrêterait un jour.

Nous n’avions pas voix au chapitre, les petites gens de là-bas et d’ici.

Nous prenions l’air indigné et nous jurions que nous n’aurions jamais fait comme eux…

Nous étions dans le train et nous regardions le faussement magique et coupant spectacle de ce qui nous échappait, et cela l’attendrissait, cela le rendait normal.

Nous décapitions ceux que nous adorions, tous les jours, sans en oublier un seul.

Nous observions toutes les souffrances sans les éprouver.

Observer est comme se contenter d’attendrir tout ce mal en posant sur lui le voile du normal.

Et… le regard éclipsé, nous devenions admiratifs, autant d’extrêmes que de beauté.

Nous n’inventions pas des héros du quotidien, nous apprenions à nous voiler.

Se dévoiler était si contraignant qu’il valait mieux ne pas y penser, ne pas chercher à quoi ressemblait la vérité, là où l’humain était plus malin.


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