Cela fait 40 ans aujourd'hui que Bob Marley est mort.
L'année précédent sa mort, il a fait une grande tournée mondiale,
je l'ai vu à Bordeaux, le premier gros concert de ma vie en 1980.
Les souvenirs, c'est pas toujours quelque chose d'exact, au fur et à mesure des années, certains laissent place à d'autres et deviennent diffus.
Ce premier concert a gardé sa place dans ma mémoire.
Gaby, notre paternel, nous y avait conduites, ma frangine, nos copines et moi, mes parents étant de ces parents-héros, prêts à toutes les aventures et à découvrir des univers musicaux très éloignés des leurs (en l'occurrence mon père était plutôt fan de Brel, Brassens et Beethoven) pour faire plaisir à leurs filles.
C'était à Bordeaux, au Parc des expositions, et je me rappelle avoir été impressionnée par la démesure du bâtiment dans lequel le public ne paraissait pas si nombreux que ça.
Je me rappelle avoir dansé, chanté (on connaissait toutes ses chansons par coeur... en yaourt évidemment, faut pas déconner...), avoir sillonné cette salle du devant à l'arrière du public, m'être approché au plus près de lui, juste devant, la scène était haute.
Je me rappelle de lui, sa silhouette longue et mince dansante englobée par ses dreads qui bougeaient autour de lui.
Je me rappelle d'avoir pour la première fois admiré les musiciens au travail, les Wailers qui dansaient et chantaient à l'unisson.
Je me rappelle avoir été submergée par toutes sortes de sensations, de cette découverte de la musique en live et de la communion entre les musiciens et le public... et d'avoir trouvé ça magique.
Je me rappelle d'un homme en costard-cravate, assis appuyé à un poteau de la salle qui nous avait proposé de fumer un joint avec lui... il était "vieux". Il devait avoir la quarantaine et je voyais immense son âge du haut de mes 15 ans triomphants, et ça ne collait pas avec l'idée que je me faisais des fumeurs de joints... j'en ai découvert des choses ce soir-là.
Je me rappelle que nous avions retrouvé Gaby à la fin, lequel amusé et agacé nous avait raconté s'être fait embarquer par les flics pour un contrôle pendant le concert (il roulait ses clopes au "Bleu Scaferlatti" et devait être un des rares à ne pas consommer du cannabis dans la salle...).
Je me rappelle que quand nous étions sortis, il avait beaucoup plu et il y avait d'énormes flaques dans lesquelles nous sautions à pieds joints, toutes joyeuses et grisées que nous étions d'avoir vu Bob Marley pour de vrai.
Putain, qu'est-ce que c'était bien !
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