top of page
Photo du rédacteurCécile écrit parfois

Pfff...

Dernière mise à jour : 6 sept. 2021




Dans son allocution pour les voeux de nouvelle année, Macron a posé une question concernant l'ISF : "Pendant 40 ans il a existé (l'ISF*), vivions-nous mieux pendant cette période?".

Ma réponse à sa question est : oui, il me semble bien qu'on a mieux vécu ces dernières 40 années, et notamment en ce qui concerne les services publics (ou assimilés).

Un petit exemple : j'ai accouché en 1990 à Bergerac alors que je vivais à Ste Foy la Grande, la maternité de Ste Foy étant fermée.

Déjà la mission Massé était passée par là et son travail visait à rationaliser les coûts en opérant des regroupements hospitalier. Belle idée ? Oui, en soi c'est plutôt malin sauf que l'on peut voir aujourd'hui des chefs de service hospitalier démissionner de leurs tâches administratives et on sait comment les moyens ont baissé d'année en année, personne ne peut le réfuter (et si c'est le cas, allez faire un tour à l'hosto en tant que patient et on en reparle après).

Je travaille pour ma part dans le domaine de l'éducatif depuis 1996, et plus particulièrement dans le médico-social (destiné par mission de service public aux personnes porteuses de handicap).

J'ai vu depuis cela les moyens se restreindre, petit à petit, sous couvert de rationalisation des coûts.

Alors certes, tout était loin d'être parfait mais il y avait des moyens. J'ai vu des collègues partir à la retraite à 56 ans parce qu'ils avaient commencé à travailler à 16 ans et que leurs hiérarchies entendaient qu'après plus de 40 années passées à travailler avec des personnes porteuse de troubles il y a des risques certains de devenir maltraitant... et je ne juge en rien l'usure, elle est réelle croyez moi !

J'ai participé à des accompagnements ou nous pouvions être à trois pour une seule personne présentant de graves troubles du comportement, parce que ces personnes ne peuvent rien faire si elles ne sont pas accompagnées ainsi... aujourd'hui, c'est quasi impossible d'organiser ce genre de choses sans risquer de se mettre en dehors des règles qui nous sont imposées (choix que j'ai fait en tant que directrice, celui d'aller au-delà des règles... j'en ai pris et assumé la responsabilité).

Je suis aujourd'hui en longue maladie parce que je me suis cramée littéralement à maintenir coûte que coûte (et je parle là de coût humain) un accompagnement spécifique pour des personnes autistes sur un secteur.

Lorsque nous avons fait le point avec nos tutelles sur la réalité entre ce qui nous était alloué en budget et le nombre d'accompagnements que nous faisions, il s'est avéré que la dotation dont nous bénéficiions devait tout simplement être doublée pour coller à notre réalité

Je suis en arrêt mais l'équipe continue, pour un an encore comme ça, dans ces conditions. Je suis de tout coeur avec chacune d'entre elles !

Les moyens manquent alors que davantage de "normes et procédures" apparaissent, destinées souvent à "rationaliser les moyens"...vous le voyez le serpent qui se mord la queue là : le travail augmente et le nombre de professionnels décroît !

L'exigence portée par nos tutelles est celle de la qualité, mais cette qualité il n'y a que les professionnels de terrain qui en soient garants dans le travail au quotidien, et cela au prix de leurs propres efforts et de leur engagement, sans moyens ni salaires supplémentaires... et l'usure arrive d'autant plus vite et avec lui le risque de maltraitance, ce qui demande d'autant plus de vigilance quant au sens de son travail...

Les professionnels sont mis dans une posture de double contrainte : nous intervenons auprès d'humains dont nous détenons souvent le destin. Le sens de notre action est primordial et il peut avoir tendance à se diluer face aux tâches de plus en plus nombreuses.

Les ministères créent des obligations et des nouveaux services, souvent pertinents, mais n'ajoutent pas de moyens en face de leurs exigences et ce sont les professionnels de terrain qui bricolent pour maintenir leurs accompagnements.

Tous ce que nous voyons de l'hôpital existe dans tous les domaines du service public et si le président pense que nous ne vivions pas mieux avec l'ISF, c'est sans doute parce qu'il n'a jamais vraiment eu besoin de cette base que sont les services publics lui-même, ou qu'il ne vit vraiment pas dans le même monde que nous.... allez savoir...

Présider un peuple devrait signifier un minimum d'empathie et de capacité à se décaler de sa propre situation pour prendre en compte celle de ses subordonnés, sa responsabilité est immense.... mais il semble juste être une espèce de fanatique de l'ultra-libéralisme cet homme, alors qu'il a le pouvoir entre les mains et qu'au vu des tournants que nous avons à prendre il pourrait devenir un héros !


1 vue0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page