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Bienvenue à Zinzinland 1 : Inside the Nid d’coucous

Dernière mise à jour : 11 oct. 2021



Le 24/10/2020



Troisième nuit ici, à peine trois heures de sommeil encore…

J’ai compris cette nuit : j’avais enfin réussi à m‘endormir et j’ai été réveillée par le bruit étouffé de la télévision d’un voisin, compagnon de galère (ici, tout le monde galère, à son niveau, à sa façon… mais chacun négocie constamment avec ses déséquilibres… bienvenue à Zinzinland…).

Je me suis réveillée donc, et j’ai cherché ma fille, une de mes filles, que ce barouf pouvait déranger. Et forcément, aucune d’entre elles n’était là, c’est moi qui suis hospitalisée cette fois, pas l’une d’entre elles.

On m’a appris il y a environ deux mois que je souffre d’un syndrome post-traumatique, né de plusieurs traumatismes qui remontent à des années derrière, jusqu’à plus récemment, l’an dernier où j’ai eu si peur de mourir, de ne pas «tenir» cette fois de trop…

J’ai passé énormément de temps dans des hôpitaux, j’y ai dormi, mangé, vécu, accompagné chacune de mes filles dans leurs calvaires, impuissante dans le simple fait de les soigner, mais présente tout le temps, partant d’un simple principe : ne jamais laisser un enfant seul à l’hôpital… et j’ai bien fait !

Souvent en riant, j’ai dit que je pourrais faire un guide genre «hôtelier» des prestations hospitalières, de l’Hôpital des enfants, de différents services du CHU, de la clinique St Martin, de l’hôpital de Périgueux et j’en oublie certainement.

J’ai moi-même été opérée d’un disque cervical au CHU, mais on ne m’a gardé que trente-six heures, dont vingt-quatre d’entre elles dans un état plus que second en réanimation, et dès le lendemain, retour maison.

En revanche, de la maladie de Lola quand elle était petite avec de nombreux séjours à l’hôpital durant dix ans à l’accident de Zoé avec la longue hospitalisation du début, suivie

de nombreux retours dans différents services ou hôpitaux pour les chirurgies, je serais bien incapable de compter le nombre d’heure, de jours, de mois que j’ai passé dans ces matrices grouillantes de vie, de douleur aussi... et de mort, celle-là même qui s’est tenue si souvent au plus près du chevet de chacune de mes filles, chacune à son tour… je pense pouvoir dire que dans nos pays en paix, peu de parents peuvent raconter la même histoire.

Cette fois-ci, c’est à moi, c’est mon tour… j’ai lâché, mon corps a dit que c’en était trop, qu’il abandonnait, et ma tête était déjà depuis longtemps aspirée dans un emballement frénétique qui visait à répondre à tout ce qui reposait sur mes épaules.

Je suis donc ici pour essayer d’extirper mes pensées des brumes qui me les rendent fuyantes, qui les estompent à ma compréhension (et une de mes particularités a toujours été d’essayer de comprendre mes pensées, où elles me mènent, ce qui en est exactement de l’objectif ou du subjectif, dans une remise en question constante de tout, de ma propre place dans les interrelations à la marche du monde, des autres, si passionnants et intéressants parce que plus j’en apprends à propos des autres plus j’en sais à propos de moi-même), mes pensées inaccessibles qui font que j’ai beaucoup de difficultés à me concentrer, que j’ai des pertes de mémoires qui m’avaient déjà alertée quand je travaillais encore (je me voyais déjà candidate à une démence sénile précoce...), au vertige et la nausée quasi constants que j’ai intégré (parce qu’on s’adapte finalement à peu près à tout…), à mon sommeil qui est devenu si fragile et chaotique, parfois excessif et prenant alors la forme d’une espèce de sable mouvant qui aspire et dont on ne peut que difficilement s’extirper, alors que j’ai toujours aimé dormir... passionnément et simplement, au cruel manque d’énergie qui implique que tout repose sur ma volonté depuis que je suis malade en m’entraînant dans un cercle vicieux contre lequel le seul glaive reste ma fameuse volonté …

Je suis ici pour me soigner, pour tenter de me retrouver, et je veux en jouer le jeu à fond, ici, à Zinzinland.

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